Pourquoi Ségolène s’est plantée au Zénith.

Ce qui m’ennuie avec Ségolène Royal, c’est qu’elle va finir par galvauder définitivement certaines choses positives. Je n’ai rien contre le principe d’un meeting-concert. Bien au contraire. Mais sur le fond, je crois sincèrement qu’elle a commis une énorme erreur de com’ au Zénith. Son capital politique et son capital d’image sont largement liés au fait d’avoir « failli » être la présidente de la République. C’est donc une forme de présidentialité et de « hauteur » par rapport aux autres socialistes, d’institutionnalisation qui son, malgré sa recherche de différenciation permanente, son meilleur atout. Les Français sont attachés à une certaine dignité et à une certaine tradition du pouvoir dans sa mise en scène qui pourrait la servir.

Or, elle a fait tout l’inverse ! Habillée comme une adolescente sur le retour, faisant tomber toute distance avec le public, s’abaissant dans un jeu de scène théâtral en courbettes et en trémolos. Au passage qu’on ne me fasse pas le coup du machisme parce que je m’intéresse à sa mise en scène et à sa tenue, parce que si Delanoë avait fait un meeting en jean, baskets et avec un débardeur, j’aurais été curieux de voir ce qu’on aurait lu.

Et si, même, on s’intéressait aux analyses de perception des femmes politiques par les hommes, on se rappellerait des analyses de la Sofrès qui avait identifié les 4 catégories dans lesquelles beaucoup d’hommes plaçaient symboliquement les politiciennes. Les résultats, navrants, méritent tout de même d’être analysés. Il y a l’image de la « putain » qui a couché pour réussir. Celle de la « mauvaise mère », qui privilégie sa carrière. La « marâtre » qui adopte tous les attributs de la masculinité. Et celle de l’oie blanche, la « naïve ». Bon gré, mal gré, Ségolène Royal avait réussi le tour de force de ne rentrer dans aucune de ces cases, féminine, mère de famille, en responsabilité, dont le couple avec François Hollande était connu et identifié. J’insiste encore sur le fait qu’il s’agit d’éléments d’image, qui font appel largement à l’inconscient du grand public et dans lesquels je ne me reconnaît pas personnellement. Et c’est là où la mise en scène symbolique de la fête, sans distance symbolique avec le public, dans une tenue brillante, très décontractée, avec une coupe de cheveux « glamour » me semble être périlleuse pour elle et me semble détruire ce qu’elle avait patiemment construit.

Comprenons nous bien. Ségolène Royal a parfaitement le droit de s’habiller comme elle le veut et de faire la fête. Mais à partir du moment où elle fait de cela un symbole politique cela prend une symbolique différente pour le grand public.

Quand des artistes saluent la performance théatrale (je ne suis pas expert, mais je trouvait que ca ressemblait parfois aux passages au pupitre de mes petits camarades de collège récitant les vers du Médecin malgré lui en s’emmellant les pinceaux), ils raisonnent en artistes. Et ils oublient que la communication politique n’est pas l’art du spectacle pour le spectacle, mais une discipline où l’essentiel réside dans le bon usage des symboles. Le « frater-ni-té » scandé à la « yes we can » ne ratrappe rien. Là, c’est loupé.




9 pensées sur «Pourquoi Ségolène s’est plantée au Zénith.»

  1. Je crains qu’au delà de la forme, certains morceaux (choisis ?) de son texte n’ont rien fait pour sa « hauteur » ou son « institutionalisation » …

    Autant je trouve qu’elle a relativement raison d’utiliser des micros cravate hf vu qu’elle sait être une galérienne des pupitres (masculins ?) … autant, il faut justement compenser par un minimum de sérieux …

    M’enfin, elle m’étonne de moins en moins ..

  2. « Les Français sont liés à une certaine dignité et à une certaine tradition du pouvoir » Alors que pensez vous donc des comportements de Mr Sarkozy? Vous trouvez là de la dignité? ou la soit disant tradition du pouvoir? Je pense qu’il y a beaucoup de précipitation dans ce billet.Pourquoi tous ces articles encore après une semaine de l’évènement? De quoi avez vous peur? Une chose est certaine elle l’a bien dit elle continuera et il faudra s’habituer.

  3. « Alors que pensez vous donc des comportements de Mr Sarkozy? Vous trouvez là de la dignité? ou la soit disant tradition du pouvoir? »

    Non. Et d’ailleurs lorsqu’il s’est écarté des codes du pouvoir pour tomber dans le bling-bling, il a sombré dans les enquêtes d’opinions.

    Je n’ai pas peur de grand chose. Et ce billet ne me paraît pas dénoter d’une peur particulière à l’égard de Ségolène Royal. Je pense qu’elle se trompe, que ça ne sera dommageable qu’à elle-même. Et si elle continue, tant pis pour elle et tant mieux pour ses adversaires.

    « Pourquoi tous ces articles encore après une semaine de l’évènement? »
    Et bien c’est un gigantesque complot anti-ségolène bien sûr. Non plus sérieusement, il m’arrive quand meme souvent d’écrire sur la communication politique. Et c’est mon seul billet sur le Zénith de Royal. Faut arrêter la parano.

  4. « Une chose est certaine elle l’a bien dit elle continuera et il faudra s’habituer. »

    Amusant en effet cette observation de madame Royal. Je pense juste que si elle insiste pour s’enfoncer dans cette voie ses prochaines prestations seront simplement ignorée et on n’entendra plus parler d’elle. Comme quoi il n’y aura pas besoin de s’habituer.

    On ne peut s’imposer une première fois en jouant la différentiation : c’est ce qui a permis à madame Royal de faire buzzer les sondages et de convaincre des adhérents socialistes de lui faire confiance -à tord – pour espérer battre Sarkozy. Mais après avoir failli (car c’est bien ce qu’on lui reproche), sa seule issue était de présidentialiser son image. La différentiation ne peut plus désormais fonctionner : il faut qu’elle démontre ce qu’elle n’a pas su faire en 2007, sa capacité à présider. Les gesticulations du Zénith l’éloignent à mon sens irrémédiablement de cette perspective.

  5. Voir un YES WE CAN galvaniseur et significatif dans un FRA-TER-NI-TE qui n’a rien d’un appel mobilisateur si ce n’est d’être un appel à être de gentils chrétiens bisounours du même tonneau qu’aimez-vous les uns les autres ou disparaissez.

  6. c’est tout de même étonnant de lire les commentateurs du PS découvrir la fraternité inscrite sur le fronton de nos mairie depuis la III° République
    mais bon c’est les bisounours catho !!
    on rêve !!

  7. Pingback : Valerio Motta - le blog » » Zénith en berne

  8. Suis-je le seul que les « prestations » de Ségolène Royal depuis son échec aux présidentielles ne surprennent pas ?

    Elle aurait fait un bien piètre Président… J’espère qu’on y échappera encore, à l’avenir…

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