SOS de Terriens en détresse.

Chronique de la détresse ordinaire.

Près de nous d'abord. Jeudi dernier, je sors d'un compte rendu de mandat de Bertand Delanoë, salle Olympe de Gouges dans le XIème. Je montes les escaliers, me dirigeant vers la sortie. La lumière et la chaleur de la salle vont bientôt s'estomper dans la nuit. Des cris percent dans la rumeur de fond : ils viennent de dehors, du froid. Un homme s'agite, crie sa détresse : "j'ai pas de logement !". Il hurle maintenant et veut rentrer dans la salle sans se soumettre aux contrôles de sécurité. Des agents de sécurité le ceinturent. Il s'effondre et pleure :" je suis fonctionnaire de la ville, j'ai pas de logement…" Sa femme finit par échanger avec un élu. Il ne s'apperçoit plus de la situation. Il hurle aux agents qui ne le tiennent plus "lachez moi-lachez moi". L'attroupement qui s'était formé autour se disperse bientôt dans la nuit.

D'autres images, ce week-end. Celles de ces Africains, venu tenter leur chance aux portes de l'Europe, dont les mains saignent à force de se heurter aux barbelés. Ces hommes et ces femmes qui ont faim. Qui ont soif. Qui crient leur détresse, sachant la destination des cars qui les amènent vers le froid et la faim, au milieu du désert. Ces images filmées par une presse devenue la caméra de surveillance impuissante des grilles d'une Europe forteresse qui reproduit à ses bordures les tragédies contre laquelle elle s'était construite.

Manger à sa faim. Avoir un toît. Avoir un travail. Des hommes sont prêt à mourir pour cela aujourd'hui, en ce début de millénaire. D'autres affrontent l'indifférence ou la haine. Qui a dit que la gauche n'avait plus de raison d'être ?