Code !

Les courses de Noël c'est super. Je sors vers 17 H du RER à Châtelet les Halles. Dans la salle de correspondance, dite "salle de flipper", toute l'humanité semble rassemblée sur quelques centaines de m². A la Fnac du Forum, ce n'est guère mieux. Je finis par rassembler tous mes achats.

Pour éviter la bataille rangée et trente minutes d'attentes en caisse, j'escalade les escalators jusque au dernier niveau en faisant le pari qu'il y aurait moins de monde aux caisses de l'étage informatique qu'aux étages livres, musique et DVDs. L'équation semble fonctionner. Quelques minutes seulement à attendre en caisse, mais cinq à dix bonnes minutes quand même. Fait chaud, des caisses supplémentaires ont été installées dans un espace recevant visiblement moins de monde à l'ordinaire.

J'arrive en caisse. La charmante hôtesse de caisse arbore un badge "j'apprends" ou quelque chose d'équivalent. Elle passe un à un tous mes articles au scan.

"-Comment réglez vous, Monsieur ?
– En carte Fnac.
– Saisissez votre code s'il vous plaît
…"

Merde ! Trou noir dans ma tête. Entre les codes d'accès aux ordis à la mutuelle, ma nouvelle CB, mon nouveau code d'immeuble, mon code secret Orange, mon code grand voyageur SNCF, mon code PIN, mes mots de passe canalblog, hotmail, laposte.net, mon code fnac s'est évanoui dans les méandres de mon esprit. Je me rappelle vaguement d'un 8, d'un 0, peut être de deux séquences avec quatre vingt quelque chose. Et je n'ai pris que ma carte Fnac avec moi, étant un peu fauché comme les blés en ce moment. J'imporvise et essaie de saisir les suites de chiffres qui me "parlent" le plus. Trois essais n'y font rien. Carte bloquée.

"- Dans ce cas, Monsieur, il faut aller à l'espace adhérent qui vous remettra votre code sur présentation d'une pièce d'identité. Je garde vos articles de côté."

Regards énervés des autres clients. Je les ignore royalement, et file à l'espace adhérent. Fait vraiment chaud ici. Mon interlocuteur est très sympa. Seulement, il loose un peu avec ma carte sur mon ordi pendant dix minutes. Il me fait signer un papier qui contient mon code. 8099. Comment j'ai pu oublier ça ?

Je file en caisse. Il faut regarder droit devant soi et griller fièrement toute la file. Avancer en disant "pardon Madame, pardon Monsieur" sans s'arrêter, sans se laisser attraper par les regards hostiles. La file a dû doubler de volume depuis mon départ. Arrivée devant la caisse. Se positionner clairement pour montrer au quidam qui se croit le prochain à passer qu'il n'y a pas moyen, en évitant de le regarder.

"- Me revoilà.
– Ah, c'est bon ?
– Oui, oui, désolé pour tout à l'heure.
– Il n'y a pas de mal Monsieur."

Elle passe la carte dans sa machine. Une fois. Elle fronce les sourcils. Deux fois. Je sens toute la haîne du monde dans les regards qui se posent sur mon blouson. Il fait très chaud. Elle explique :

" Ah mais votre carte est bloquée Monsieur, il faut retourner au service adhérent."

Grrr. Le type m'a juste redonné mon code, mais il a omis de me débloquer la carte. Quand j'y retourne il n'y arrive d'ailleurs pas. Les voies du numérique sont impénétrables. Il découpe ma carte et m'en fabrique une autre. Nouveau code. Retour en caisse.

Les clients qui me revoient les doubler sont proches de l'apoplexie. Je n'en ai cure. Encore deux minutes, une machine qui crépite, un ticket de caisse imprimé, et mes courses de Noël sont achevées !