Lettre de Michaël Delafosse aux adhérents LMDE
Chère adhérente, cher adhérent,
Je me permets de m'adresser à vous au sujet du débat qui traverse
actuellement le pays sur le traitement du chômage, et en particulier
sur le chômage des jeunes.
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement propose d’instaurer un CPE
(Contrat Première Embauche, contrat de travail pour les moins de 26
ans, assorti d’une période d’essai de 2 ans).Ce
contrat permet à l’employeur, dans cette période de deux ans, de se
séparer de son employé n’importe quand et sans motif aucun.
Pour La Mutuelle des Etudiants (LMDE), le CPE ne constitue pas la bonne réponse au problème de l’emploi des jeunes.
L’épée de Damoclès qui pèsera durant les deux ans sur la tête de chaque
jeune, sans réelle garantie quant à la pérennité de l’emploi par la
suite, représente une aggravation et une institutionnalisation de la
précarité.
Si votre
mutuelle s’exprime aujourd’hui sur ce sujet, c’est parce que nous
connaissons les conséquences sanitaires et sociales d’une précarisation
accrue de la jeunesse : chez les étudiants particulièrement, les
facteurs d’incertitude quant à un avenir aujourd’hui bien incertain
contribuent à accroître les phénomènes de stress et d’angoisse,
nuisibles à l’épanouissement comme à la réussite universitaire, sans
parler de l’impact sur la santé.
Nous sommes par ailleurs
extrêmement surpris du caractère cavalier de la décision prise par le
Premier ministre, qui a lancé son projet sans aucune forme de
concertation.
Mais
votre mutuelle, gérée par des étudiants élus par vous-mêmes tous les
trois ans, est également une entreprise, un acteur économique à part
entière.
Naturellement, nous sommes sensibles à la question du chômage des jeunes, et nous avons formulé plusieurs propositions concernant leur insertion professionnelle : accompagnement personnalisé vers l’emploi par des structures adaptées (comme l’AFIJ, association pour l’insertion professionnelle des jeunes) ;
création d’une allocation d’aide à la recherche du premier emploi ;
développement d’un recrutement pluriannuel dans la fonction publique ;
mise en place d’une aide à la création d’entreprise pour les jeunes.
La
LMDE est une entreprise nationale forte de 550 salariés. Beaucoup sont
des jeunes, souvent en situation de première expérience professionnelle.
Nous pouvons pour autant mesurer chaque jour la qualité du travail accompli. La très grande majorité des jeunes recrutés à la LMDE le sont sur la base d’un CDI, et nous avons réalisé depuis trois ans d’importants efforts de déprécarisation, en transformant nombre de CDD en CDI.
Notre conviction réside dans cette relation étroite entre nos
résultats, en termes de qualité des services offerts à nos adhérents
comme en termes économiques, et la confiance que nous plaçons dans le
personnel salarié de la LMDE, à qui nous souhaitons garantir une réelle
sécurité professionnelle.
Il
nous semblerait choquant de faire exister deux ans durant, sur nos
collaborateurs de moins de 26 ans, une suspicion particulière. Faire exister un soupçon et une méfiance pendant deux ans à travers le
CPE serait un gage d’irrespect à l’égard des plus jeunes, mais aussi
une erreur en terme de gestion de nos ressources humaines.
Dans
cet esprit, par respect pour les jeunes qui entrent dans le monde du
travail, avec la conviction que la sécurité professionnelle ne
constitue pas une pesanteur mais bien un gage d’efficacité de gestion,
face aux défis de compétitivité que nous imposent les assureurs, le
Bureau National de la LMDE du lundi 30 janvier 2006 a demandé à la
Direction générale de la LMDE de ne recruter aucun Contrat Première
Embauche au sein de notre entreprise.
En
espérant vous avoir apporté un peu de clarté dans le débat qui traverse
aujourd’hui notre pays, et convaincu qu’il est de notre devoir de vous
faire part de nos convictions en la matière, je vous renouvelle, chère
adhérente, cher adhérent, au nom de l’ensemble du Conseil
d’Administration de la LMDE, nos plus sincères salutations mutualistes.
Michael Delafosse
Président de la LMDE