La laïcité est une liberté

L'agitation concernant les caricatures sur Mahomet publiées par un journal danois avant d'être repris par la presse d'autres pays mérite que l'on s'arrête quelques instants sur le fond. Je viens de regarder ces dessins sur le site du nouvelobs. Ils ne sont pas très drôles, pas de très bon goût. Pas pires en tout cas que certains dessins de Charlie Hebdo sur le pape.

Ils expriment une vision critique sans doute contestable de l'islam ou de phénomènes qui lui sont liés plus ou moins directement. Il ne s'agit pas ici de faire l'amalgame entre Islam et terrorisme. Mais on doit pouvoir avoir la liberté de critiquer une religion, fut-ce dans ces fondements, fut-ce par la dérision, fut-ce avec virulence.

Le blasphème est -Laïcité merci- autorisé en France. N'y voyons pas là d'infimes différences de systèmes juridiques, mais un vértiable enjeu de société et de civilisation. Ne faisons pas semblant de croire que blasphémer c'est insulter ceux qui croient. Attaquer une religion, c'est s'en prendre à une croyance, qui n'est rien d'autre qu'une opinion humaine, avec ses grandeurs et ses misères.

Considérer que le blasphème doit être réprimé, c'est considérer qu'il y a des textes et des croyances sacrés, au dessus de ce que peut produire la raison et l'expression démocratique d'un peuple de citoyens, ou le génie d'individus. C'est considérer que quelque soit cette volonté politique humaine, quelque soit le développement des idées ou des sciences, toutes ces productions restent soumises à des puissance supérieures intangibles dont on ne pourrait contester le message. C'est considérer que ceux qui croient savoir ont un pouvoir supérieur sur ceux qui pensent differemment.  Cela revient à limiter les droits de citoyens au profit d'autres. A rétablir une forme de déférence devant le divin qui revient à considérer que l'on admet peut être qu'il y ait différentes croyances, mais que celui qui ne croit pas n'a pas voix au chapitre.

Oui on peut critiquer avec virulence l'Islam, le catholicisisme ou le judaïsme et toutes les religions. On se fourvoie quand on s'attaque aux croyants en tant que tels. Mais dans la mesure où l'on dénonce des pratiques commises au nom d'une religion et pas une "communauté de croyants", on ne fait qu'utiliser ses prérogatives de citoyen.

La laïcité est cette liberté. Cette liberté de penser, de s'exprimer, sans tabou ni interdit. Les lobbys chrétiens ont réagis par le passé avec la même violence contre des affiches publicitaires ou des films, qui faisaient des anges des créatures sexuées ou qui revisitaient la Cène à leur goût. Ne cédons pas. Conservons ce précieux espace qui s'ouvre entre liberté et la laïcité : celui dans lequel l'homme libre a le droit de s'affranchir des chaînes du divin.