Crucifié.

C’est ma manière d’évoquer l’article qui m’a conduit à la une de La Croix ce week-end. Merci à Stéphane Dreyfus.

Facebook, instrument de mobilisation des militants politiquesvalerio_la_croix

Le réseau social américain virtuel utilisé par les démocrates fait des émules en France parmi les candidats aux municipales. Sans que l’on sache son impact sur les campagnesLe fait n’est pas anodin. Barack Obama, le concurrent le plus sérieux contre Hillary Clinton dans les primaires démocrates américaines, a engagé, pour gérer sa campagne en ligne, Chris Hughes, cofondateur deFacebook. Après avoir investi massivement les blogs (journaux de bord en ligne plus ou moins personnalisés) lors de la présidentielle de 2004, les politiques américains ont placé les réseaux sociaux au cœur de la « cyber-campagne ». C’est à qui aura le plus d’« amis » : 56 000 pour Clinton contre 171 000 pour Obama. La partie semble gagnée pour ce dernier, du moins sur le terrain virtuel… Car sa rivale mène aujourd’hui dans les sondages. Dès lors, à quoi peuvent bien servir tant d’« amis » ?Pour Guilhem Fouetillou, spécialiste de la Net-politique chez RTGI (Réseaux, territoires et géographie de l’information) (1), « les réseaux sociaux sont des instruments de mobilisation et de recrutement des militants ». « Cela nous a pris six mois pour obtenir 139 000 adresses électroniques, raconte Joe Trippi dans le Washington Post, conseiller en communication politique. Avec un groupe sur Facebook, il a fallu à peine un mois pour en obtenir 200 000 ! »

«La politique, c’est aussi la guerre des fichiers»

Comment expliquer que ce réseau social destiné à mettre en relation des amis ou d’anciens camarades de classe arrive à de tels résultats ? Deux facteurs essentiels se dégagent, selon Valerio Motta, ancien secrétaire national du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) et conseiller en communication politique : la facilité d’utilisation qui permet une communication rapide des informations aux sympathisants, et la « perméabilité » des groupes. D’un clic, des liens se nouent avec des groupes indirectement liés à la politique. « Le travail le mieux fait sur Facebook, c’est celui qui ne se voit pas », analyse-t-il.Cette perméabilité pourrait être exploitée lors de la campagne des municipales. L’équipe de Delanoë, vedette sur Facebook avec plus de 5 000 amis, pourrait par exemple prendre contact avec de très nombreux groupes consacrés au Vélib’, poursuit Valerio Motta. « La politique, c’est aussi la guerre des fichiers », ajoute-t-il. Pour sa part, Thierry Solère, président de la Fédération numérique (qui a un groupe sur Facebook) et secrétaire national de l’UMP, dit s’être rapproché des groupes opposés à la grève des transports de novembre dernier. L’un d’eux a regroupé jusqu’à 20 000 personnes…Mais Thierry Solère tempère : « Ce n’est pas l’outil idéal pour la coordination et le recrutement des cyber-militants. Nous allons donc créer une plate-forme pour le militantisme, qui sera lancée le 17 décembre, et qui renverra vers le groupe Facebook. » 

L’efficacité des outils ne va-t-elle pas s’émousser ?

« Il est vrai, nuance également Valerio Motta, que ce n’est pas adapté à la communication politique d’une ville de moins de 10 000 habitants. C’est déjà plus pertinent dans les villes de 20 000 à 80 000 habitants dans lesquelles il est difficile de rencontrer physiquement tous les citoyens. »Le réseau social a d’autres défauts. Il obtient de piètres résultats en matière de récolte de financements et d’idées. « Le réseau social est très cloisonné, observe Guilhem Fouetillou. On affiche son appartenance à un groupe comme on porterait un badge ou un pin’s politique. Ce n’est pas le lieu du débat. Il y a les blogs pour cela. »À force de démultiplier les champs de bataille politique sur le Net, l’efficacité des outils ne va-t-elle pas s’émousser ? « Non, chaque outil a son utilité, selon Thierry Solère. Le site, pour le contenu, le blog, pour le débat, la plate-forme pour la mobilisation et le recrutement, et Facebook pour cultiver les réseaux. Il suffit de les lier les uns aux autres. » Et puis, « celui qui ne participe pas à ces réseaux perd en visibilité », conclut Valerio Motta. En somme, il faut en être, sans trop savoir où cela mène…Stéphane DREYFUS (1) Il participe à un blog d’analyse de la campagne américaine (www.usandus.eu).