Manifestation d'hommage à Ilan Halimi – Podcast DSK

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Je viens de rentrer chez moi après la manifestation d'hommage à Ilan Halimi qui a eu lieu entre la République et la Nation, en ce dimanche après midi gris et froid. Les impressions se bousculent un peu et je vais sans doute compléter ce billet au fur et à mesure en essayant de hiérarchiser les choses par thème. Le message va se remplir au fur et à mesure de la soirée…

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Un réel succès populaire
Ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui étaient dans les rues cet après-midi. Un cortège très long et très dense, peu de banderoles, et un encadrement policier et de service d'ordre très impressionnant. Les manifestants sont de tous les âges et d'origines diverses, même si la communauté juive est massivement présente. Parmi les cortèges les plus denses, celui de l'Union des Etudiants Juifs de France et de SOS Racisme.

"Si c'était ilan hier, ça peut être nous demain".
L'émotion était perceptible dans les slogans et dans les échanges mais une forme de crainte aussi. Si beaucoup de manifestants évoquent la peur qu'ils ont parfois pour eux ou leur proches, ils se tournent toujours vers la République dont ils attendent beaucoup, dans une France qui leur fait peur. Les cris en appellent à la justice, dénoncent une France raciste, qui n'est pas celle espérée : les drapeaux bleu blanc rouge sont partout. Un homme m'assure qu'il est là parce qu'il a peur d'un climat de haine contre les juifs, pour ses enfants surtout. Il m'explique qu'après ce meurtre "Si c'était ilan hier, ça peut être nous demain", mais qu'il serait là, à une autre manifestation quelque soit l'origine de la victime.

Les politiques au rendez-vous
Le plus gros fauteur de trouble en début de cortège, c'est Nicolas Sarkozy. Son arrivée provoque une bousculade monstre dans le carré de tête. La presse se rue sur le Ministre de l'Intérieur, qui est invisible au milieu de cet amas de caméras et d'appareils photos. Sa taille n'aide pas non plus…Un quidam lance "Sarko président" avant de se faire tancer par tout le monde.  Quelques minutes plutôt, c'est Philippe de Villiers qui s'était fait expluser manu militari du carré de tête. Ses propos sur l'islamisation de la France n'ont (légitimement) pas plû au service d'ordre de SOS Racisme.

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Sinon, du beau monde, des politiques de tout bords, des candidats heureux ou malheureux aux investitures UMP à Paris, des ministres commes s'il en pleuvait (Copé, RDDV, Sarkozy, Hortefeux Douste Blazy…), Bayrou,  et des socialistes à la pelle : Delanoë, Huchon, Hollande, Lang, Jospin, Kouchner et DSK que j'ai pu podcaster…

Je profite de cette réaction de DSK pour dire mon sentiment. Bien sûr, on ne doit jamais laisser passer un acte antisémite. En passant devant la rue Sedaine, je pensais d'ailleurs que mon grand-père, qui a connu la pire des période pour un Juif en France, serait sans doute très préoccupé par la situation. La passion est un élément central dans une vie. Mais une position politique, si elle est défendue avec passion et conviction ne doit pas être déterminée que par cette passion.

Aujourd'hui, simple citoyen, je n'ai pas d'élements me permettant de juger avec certitude que le meurtre était un meurtre antisémite. Les clichés sur la fortune supposée des Juifs sont détéstables. Je ne sais pas dans quelle mesure il ont pesé, n'étant pas dans le secret du cabinet d'instruction. Peut-être que le temps montrera que les choses étaient bien telles que 200 000 personnes l'ont dénoncé aujourd'hui. Je ne sais pas si je doit le redouter ou l'espérer. L'espérer, car si ce n'était pas le cas, on aurait peut être crié "au loup" trop vite. Le redouter, car si c'est bien le cas, l'antisémitisme et les fractures de notre pays sont très graves. Allez, au vu du climat de racisme et de haine qui existe, au final, je préfère peut être avoir pris ce risque.

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Ambiance VIP avec Paul Amar, Doc Gynéco, Arthur. Les échanges sont parfois loin de la cérémonie d'hommage. Sans jeter l'accusation bateau de "récupération" à tout le monde, on peut tout de même se demander ce que font certaines personnalités qui ne représentent qu'elle même dans un carré de tête… Mais, Setni Baro le fait valoir avec justesse, la récupération est surtout le fait des extrémistes…

Ambiance tendue

Avant la manifestation, en remontant le boulevard Voltaire, la tension était palpable. Toutes les voitures stationnées ont été enlevées. Tous les magasins sont fermés. Les policiers sont partout. Le service d'ordre de la manifestation se déploie.

La très grande majorité des manifestants sont venus là dans le calme. Pour rendre hommage à Ilan et dénoncer racisme et antisémitisme. Sans jeter l'opprobre sur l'ensemble de la manifestation, je ne peux pas ne pas parler des quelques individus qui ne se sont pas comportés avec cette dignité.

Bien sûr, l'émotion d'une communauté devant un meurtre qui la touche fait naître des sentiments violents. On se rappelle d'autres crimes, non liés à un contexte aussi polémique, mais qui ont débouchés des manifestations populaires d'appel à la vengance et à l'exécution du criminel supposé. Même si je déteste ce genre de pathos haineux, cela n'a pas tout à fait le même poids et ne constitue pas le même danger politique que quand il appelle "les juifs" à faire "la peau de Fofana". Ce genre de slogan a été régulièrement répété ça et là, autour des organisations les plus extrémistes.

 Edit : un problème avec Dailymotion a coupé la fin de la vidéo dans la première version diffusée. En revisionnant cette vidéo, je tiens à préciser que les images qu'elles comporte ne représente qu'une part marginale d'une manifestation qui s'est déroulée dans le calme.

En fin de manifestation, sur la place de la Nation les tensions sont plus fortes encore. Courses poursuites, slogans contre la palestine, des keffiehs sont brulés. Une jeune femme originaire du magreb est agressée. Ce qui est le plus frappant, c'est la jeunesse des fauteurs de trouble. Entre 14 et 25 ans. Des manifestants observent ce spectacle avec désolation. Il ne faut jamais baisser la garde contre la haine.

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