Une franchise qui ne dit pas tout.


A lire, l’excellente tribune de Jean de Kervasdoué sur les effets indésirables de la franchise médicale voulue par le gouvernement. Au delà d’évoquer des arguments traditionnels sur les effets nocifs des mécanisme de « responsabilisation » en terme de reports de soin pour les plus défavorisés et donc d’inégalités supplémentaires dans l’accès au soin, ce texte évoque très justement deux autres aspects particulièrement importants :

– l’inflationnisme des systèmes basés sur une franchise qui poussent à la recherche de soins toujours meilleurs et donc plus chers, qui nécessitent des assurances plus sélectives, créant et accélérant les phénomènes de sélection par l’argent et de système à plusieurs vitesses.

– la réalité du système informatique de l’Assurance Maladie. Ce n’est pas un petit argument. En prônant des mesures irréalisables techniquement ou dont le coût réel de développement technique (sans évoquer les coûteuses campagnes de formation, de communication et le ralentissement de la liquidation des feuilles de soin et donc la baisse de productivité des services de l’Assurance Maladie générés par pareille évolution), le gouvernement joue sciemment un jeu à deux effets. En annonçant la création de quatre franchises, dont certains foyers seraient exemptés (on ne sait d’ailleurs pas comment il peut le faire techniquement), il affaiblit le champ de la solidarité et renforce de fait la position des assureurs privés. En faisant en sorte que cette mesure, soit en réalité d’un effet quasi nul sur les comptes de l’Assurance Maladie, il l’affaiblit tout en préparant son affaiblissement futur et de nouveaux sacrifices au nom d’un argument simple : « il faut sauver la sécurité sociale qui est en déficit ».

D’autres pistes d’amélioration du système sont pourtant possibles et souhaitables. Prévention, politique du médicament, accès au soin. Ces débats ne sont jamais sérieusement posés. On préfère toujours demander, dans des micro-trottoirs des journaux de13H, si les français sont prêts à lâcher quelques euros de plus pour « sauver » un système qu’on détruit peu à peu à coup de sacrifices de quelques euros…