Dans « Paris Obs », un article de Lise Martin sur Facebook.
Municipales qui a le plus d’@mis ?
Les candidats se précipitent sur le site de réseau social Facebook. C’est à qui y comptera le plus de soutiens virtuels et saura les mobiliser le moment venu.
Premiers convertis ? Delanoë et Hidalgo. Sur la page du maire, un contenu classique côtoie un tas de bizarreries frôlant parfois l’absurde : des chansons dédicacées du genre «The Passenger» (Iggy Pop) ou «Wannabe» (Spice Girls) envoyées par d’autres membres, des roses virtuelles exposées dans sa galerie de cadeaux, des messages fort peu protocolaires : «Ber trand, tu nous vends du rêve», écrit Florian. «Je te kiffe grave !», surenchérit Valentin, tandis que Rooman s’excuse : «Désolé de ne pas être venu hier soir, mais f ai été pris dans un embouteillage de Vélib’.» Des fans excentriques ? Des militants un brin familiers ? Des internautes blagueurs ? Tout ça à la fois. Ils font partie des 1200 «amis» que le maire de Paris compte sur sa page.
Second Life déjà ringard
Denis Baupin, l’adjoint aux transports et candidat Vert pour 2008, fait partie de la communauté grâce à Frédéric Neau, le responsable de sa campagne sur internet : «Avant Vété, on pensait le mettre sur Second Life. Mais on s’est rendu compte que c’était déjà ringard… Entre-temps, tout le monde s’est inscrit sur Facebook.» Dominique Voynet figure parmi la centaine d’amis de l’élu Vert, qui serait dix fois moins populaire que son adversaire socialiste. «Quoi ! Delanoë a plus de mille amis, s’étonne Frédéric Neau. C’est beaucoup… Mais on va le rattraper !»
La course aux «facebookers» est donc lancée. Aux Etats-Unis, les candidats à la présidentielle se sont tous emparés de l’outil, et l’utilisent comme une base de partisans mobilisables en trois clics. Le démocrate Barack Obama compte par exemple plus de 400000 supporters sur le réseau ! «Facebook ne fera pas les municipales, pas plus que DailyMotion n’a fait la présidentielle, nuance le blogueur socialiste Valerio Motta. Mais c’est un très bon outil d’organisation et de diffusion d’information, particulièrement utile au niveau local.» Au-delà des profils personnels d’élus se constituent des pages thématiques qui rassemblent des membres très actifs. Valerio Motta décrypte : «Ils sont très perméables entre eux. Par exemple, on passe vite des groupes Vélib’ à ceux qui soutiennent Bertrand Delanoë.»
Ces collectifs ne sont pas tous bienveillants. Quatre cents membres sont par exemple regroupés sous la bannière «Marre de Delanoë et surtout de Baupin !» Ils s’insurgent contre «l’aménagement de la circulation, kafkaïen» et ont pour mot d’ordre TSD (« Tout sauf Delanoë»). C’est là le danger : chacun peut créer un groupe sans rendre de comptes, ou une page d’élu sans que l’intéressé ne soit au courant. Pour éviter les dégâts, l’équipe d’Anne Hidalgo vérifie le profil de ceux qui demandent à devenir ses «amis». Pas question d’ouvrir le cercle virtuel à des ennemis potentiels. Le «Perroquet libéré», publication anti-Delanoë, se serait ainsi fait refouler à l’entrée. Aussi indispensable que le filtrage : l’implication. Comme sur un blog, il faut être présent, ajouter des rubriques, répondre aux messages. Pour l’instant, c’est Anne Hidalgo qui s’en sort le mieux : vidéo dédiée à ses 350 amis, petits mots personnels affichés sur son «mur» de messages et même une réunion en live spécialement destinée à souder cette nouvelle tribu.
Un côté gadget
Mais s’échanger des messages d’amitié entre internautes peut-il enrichir la campagne ? La première adjointe reconnaît «le côté gadget» de la plate-forme, comme le responsable web de la campagne de Baupin : «L’intérêt c’est aussi que des journalistes nous appellent et en parlent !». Comment transformer Facebook en réel outil militant ? «Nous allons utiliser le réseau pour lancer des actions, des manifestations», raconte Frédéric Neau. Cible principale : les jeunes, très présents sur tous ces sites de réseaux sociaux. Le grand concurrent de Facebook, MySpace, n’attire pour l’instant pas les élus : trop orienté musique et vidéo, trop arty, expliquent les conseillers numériques. Seule l’équipe de Françoise de Panafieu n’exclut pas de la mettre un jour sur l’orbite de MySpace. En attendant, l’agence de communication chargée de sa campagne en ligne, Idéecom, était encore en train de fabriquer la future page Facebook de la candidate UMP la semaine dernière. Les groupes de soutien à Françoise de Panafieu culminent péniblement à une quarantaine d’inscrits («Rachida Dati pour Paris» atteint, en revanche, les 140). Côté MoDem, c’est calme. Aucune trace de Marielle de Sarnez. Le groupe parisien compte 11 membres. Et seule la jeune militante Quitterie Delmas, vraiment active sur le réseau, compte plus de 200 amis (parmi lesquels quelques journalistes et plusieurs blogueurs in fluents comme Versac ou Christophe Grébert).
«En termes d’occupation de l’espace, Delanoë a pris une longueur d’avance, souligne Xavier Moisant, auteur du blog Place de la démocratie. C’est un atout, car il a déjà constitué une base de données de plus de mille personnes, auxquelles il sera plus facile de demander leur avis ou de proposer une réunion lorsque la campagne battra son plein.» Encadrés par des spécialistes du Net, les élus ont compris que ne pas avoir de «profil» pourrait devenir un handicap. Le socialiste Rémi Féraud, qui vise le fauteuil de maire du 10e, vient de s’y inscrire : «Ce qu’il faut, c’est ne pas prendre de retard, ne pas être le dernier à ouvrir une page.» Facebook, arme de campagne incontournable ? «Peut-être pas dans la Creuse, répond Xavier Moisant. Mais à Paris, sans aucun doute, car le public du site est très urbain.» Conclusion de Patrick Dray, chargé de la campagne de Panafieu sur le Net : «Facebook n’est pas indispensable mais… il faut y être !»Inscription pour les nuls
Edité : Message sans rapport avec le sujet
Malheureusement, Facebook ca marche pour Paris mais pour la Province, on est vraiment loin du résultat escompté.