Carte Vitale : un système délirant.

Vitale 2, la nouvelle carte d’Assurance Maladie dotée d’une photo, censée juguler les fraudes connaît des difficultés : 1 million d’assurés sociaux attendent aujourd’hui leur carte ! Eh oui, difficile d’obtenir, de réceptionner, de gérer et de numériser la photo de chaque assuré pour pouvoir délivrer sa carte !

Pour connaître aujourd’hui à titre personnel des formalités qui m’avaient déjà semblées inutiles quand j’étais de l’autre côté du dispositif à la LMDE et où nous avions à gérer les relations avec les assurés sociaux et l’Assurance Maladie, le Gie Sesam-Vital et consors, je profite de l’occasion pour parler d’un des problèmes majeurs de Vitale qui rendent en réalité parfaitement inutile l’opération en cours.

Prenons un jeune homme que nous appellerons par convention Valerio M. Rajeunissons le un peu et faisons en un jeune lycéen. Hop, échange de courrier avec la CNAMTS (Caisse nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés) ou plutôt avec sa CPAM locale, plus élégamment connue sous sa « marque » Assuranc-Maladie. Envoi de photo, réception, émission de carte, réception. Quand ça marche sans souci, un mois et demi pour faire le tout.

Valerio M grandit et rentre à la fac. Il choisit (il a raison) la seule mutuelle étudiante nationale, la LMDE pour gérer sa Sécurité Sociale étudiante. Or, il existe aujourd’hui des impossibilités techniques nombreuses au niveau de la communication entre les gestionnaires des différentes caisses et régimes. Impossible donc pour la LMDE de gérer la Sécurité Sociale de ce jeune étudiant. Une nouvelle Vitale doit être émise puisqu’il devient un ayant droit autonaume. Re-échange de courrier,etc… et restitution de la Vitale originale.

Diplômé du supérieur, Valerio M devient salarié d’une organisation politique. Il dépend donc désormais du Régime général. Nouvelles démarches d’affiliation auprès de la CPAM la plus proche de son domicile.  Et disons même que c’est arrivé plus tôt en imaginant qu’il a été salarié durant ses années d’études. Avec même un retour au régime étudiant s’il arrêtait son travail une année. 3 Vitales de plus.

Après deux années d’expérience professionnelle fructueuses, Valerio M décide de monter son entreprise. Et changement de statut, changement de régime ! Il bascule auprès du RSI, le Régime Social des Indépendants et confie la gestion de sa sécurité sociale à un des trois organismes habilités pour cette tâche, la FMP (mutualité francilienne). Nouvelle Vitale. Nouveaux courriers et coups de fils.

Son entreprise prospère. Au bout d’un an, il atteint un rythme lui permettant de régulariser ses revenus et décide de se salarier. Il repasse à sa CPAM. Bis repetita.

En l’espace d’une dizaine d’année, il aura donc eu 7 cartes Vitale. Certes tous ne passent pas par ces changement de statuts fréquents, mais la mobilité professionnelle aidant, on arrive vite à des millions de cartes à émettre pour pas grand chose. Certaines de ses cartes ne serviront même jamais. Et c’est avec ce genre de système que Douste Blazy a pu expliquer sans sourcillier qu’il y avait plus de Vitale en circulation que de citoyens dans notre pays et que c’était la « faute à la fraude ».

Et c’est ce genre d’argument qui a justifié le passage à la Vitale 2. Plutôt que de trouver comment rendre interopérable le sytème, on a préféré redemander à tout le monde de faire le nécessaire pour obtenir une nouvelle carte. Je gage que les taux de récupération sont mauvais et que la majorité des français n’a pas encore renvoyé sa photo. Et le système sature déjà. Imaginez les coûts de ce genre de fantaisies par rapport au rapport cout de développement/économies générées que représenterait une interopérabilité.

Ah, oui au fait. Le pire est toujours à craindre. Ce qui est vrai pour Vitale l’est aussi pour le médecin traitant.