Du « Daisy ad » au « Red phone »

Ces derniers jours, un spot TV publicitaire défraie la chronique dans la campagne des primaires démocrates US:

[kml_flashembed movie="http://www.dailymotion.com/swf/x4jv1j" width="425" height="335" wmode="transparent" /]

Je ne traduis pas précisément, mais l’idée est la suivante: la nuit, vos enfants dorment tranquillement, pendant qu’un téléphone sonne à la maison blanche parce que quelque chose de grave se passe dans le monde. Qui préférez vous voir répondre à cet appel ? Et là Hillary Clinton est supposée incarner l’expérience et le sérieux et apparaît comme une présidente rassurante dans un monde hostile. Le procédé n’est pas nouveau.

Regardez ce spot de Lyndon Johnson en 1964 :

[kml_flashembed movie="http://www.dailymotion.com/swf/xq4rp" width="425" height="335" wmode="transparent" /]

Une petite fille effeuille une marguerite en comptant « 1,2,3.. ». Arrivé à 10, une voix métallique reprend le décompte à rebours. La fin du décompte voit se refléter dans l’oeil de l’enfant une explosion nucléaire. La voix off du Président Johnson commence: »Voilà l’enjeu. Faire un monde dans lequel tous les enfants de Dieu puisse vivre ou sombrer dans les ténèbres. Nous devons nous aimer les uns les autres ou nous devons mourir. » Puis une autre voix enfonce le clou : « Votez pour le président Johnson, les enjeux sont trop importants pour rester à la maison ».

Ce spot TV n’a été diffusé qu’une fois à une heure de très grande écoute. Son écho fut considérable et les républicain, furieux et considérant que la campagne « négative » allait trop loin firent sauter par leurs appels les standards de ABC et de la Maison Blanche. Son influence et le bouche à oreille qui s’en suivi furent tels que le concurrent républicain ne s’en remit pas.

Alors, le Téléphone Rouge est il la Marguerite d’Hillary Clinton ? Si la victoire au Texas et en Ohio marque un net rebond de la candidate, il est intéressant de noter les différences et les points communes liés aux procédés et aux contextes.

Tout d’abord, là ou la Marguerite a été diffusé pendant la campagne finale, le téléphone rouge est un spot de campagne interne. S’il produit des dommages dans l’opinion sur Obama et que celui-ci est le candidat des démocrates, ce serait à la chance de victoire démocrate que Clinton aurait porté des coups. Avantage McCain.

Autre élément intéressant, les réponses. Là où la pression des républicaines était portée pour stopper la diffusion en 1964, où l’effet du spot a été doublé par un bouche à oreille « traditionnel », les choses se passent différemment en 2008. Obama a immédiatement créé un spot de réponse, et des spots parodiques se sont multipliés sur Internet créant un buzz de grande ampleur.

Et là on a une différence intéressante avec la politique française : les buzz vidéos partent de la TV avec des spots traditionnels pour rebondir sur Internet aux USA, tandis que chez nous, les vidéos supposées créer l’événement (amatrices, volées en général) sont signalées par les médias traditionnels avant de connaître la gloire. L’interdiction de la pub TV politique en France est sûrement à l’origine de cette différence qui engendre une perception de l’Internet en politique comme d’un média de coups bas.

Et vous, qu’en pensez vous ?