La baisse ne fera pas que des heureux.

Non, il ne s’agit pas des prix à la consommation. Ni du cours du pétrole ou du dollar. Mais de l’immobilier.

Voilà ce que je lis aujourd’hui :« « Au premier semestre 2008, les prix des logements neufs pourraient baisser plus fortement qu’anticipé précédemment », déclare Mathilde Lemoine, directrice des études économiques et de la stratégie pour l’établissement, avant d’expliquer ce fait par « le niveau historique des stocks » cumulé à « la dégradation de la solvabilité des ménages ». Le premier semestre 2008 pourrait donc voir les prix de l’immobilier neuf reculer, non pas de 2%, mais bien de 3,5% : « Outre la dégradation de la solvabilité des ménages, (…) le stock de logements neufs invendus a atteint son plus haut niveau historique fin 2007 à 102.577 ».

Bien que de moindre ampleur, la baisse attendue des prix de l’immobilier ancien (- 1%) pourrait néanmoins atteindre – 3% en moyenne sur l’année, contribuant ainsi à faire chuter le marché immobilier dans son ensemble de près de 4% en 2008. Les prévisions de la banque ne sont guère optimistes pour les propriétaires puisqu’elle tablent également sur une baisse de pas moins de 6% pour 2009. »

Il y a deux ans et demi j’écrivais ça : « quand les spéculateurs de cette bulle sont organisés (presse immobilière, financière, agences) pour alimenter les conditions psychologiques de la hausse, les ménages sont isolés et peu informés. Déjà, les biens immobiliers trouvent moins facilement preneurs. Si les citoyens diffusent les informations soigneusement cachées par ceux qui ont des intérêts dans la hausse, si les ménages pesent plus le pour et le contre demain avant d’acheter, les prix vont nécessairement baisser. Peut être pas sous la forme d’un krach, peut être de manière limitée. Mais quoi qu’il en soit, la situation n’est plus décement tenable.

N’oublions pas une chose : c’est qu’un marché ne peut fonctionner convenablement que s’il est régulé et que si les conditions de la confiance sont réunies. Or, qui pense aujourd’hui sérieusement qu’un F2 de 45 m² à Paris représente une valeur pour son acquéreur de plus de 200 000 € ? Ces prix sont hors de mesure, et il ya longtemps que l’Etat, curieusement absent aurait du prendre les mesures nécessaires pour encadrer des phénomènes qui meneront de nombreux ménages dans les commissions de surendettement dans 15 ans.

Deux grands absents du débat, ce sont les thèmes de la protection du consommateur et du droit fondamental du citoyen à un logement. Sujet has-been sans doute ?

Là encore, les puissants prennent leurs bénéfices quand les plus faibles trinqueront demain.  Là encore, les puissants sont protégés par l’argent, par leurs chiens de garde et par le gouvernement. Là encore, les plus fragiles ont besoin de s’organiser pour être protégés, de la solidarité nationale pour que le droit fondamental à un logement soit une réalité et de forces politique pour être défendus.

Là encore, tout est politique. »

Nous y voilà. Les prix baissent. Oh bien sûr, ça fera du bien à beaucoup. Mais les citoyens qui font face à des difficultés ou à des changements dans leurs vies risquent des moins-values. Des surendettement délirants pour des biens qui perdent leur valeur. Des gens dupés par un système qui les méprise. C’est parti pour 5-6 ans comme ça au moins.

Et pendant ces années, quand vous entendrez  toutes les difficultés que provoque ce système fou, vous vous rappelerez de l’écho cynique des jaunes de la FNAIM qui ont dit si fort et si assurément que l’immobilier ne baisse jamais et que c’est le moment d’acheter.




2 pensées sur «La baisse ne fera pas que des heureux.»

  1. Bien vu. J’ai pas mal d’amis qui se sont mis dans l’idée d’acheter il y a quelques mois, ca va pas être la fête. La seule consolation est finalement l’inflation qui de fait allège les dettes en faisant baisser les taux d’intérêts réels, mais la BCE veille au grain et fait tout pour justement contenir l’inflation… Quadrature du cercle.

  2. De toutes façons, ce sujet est difficile à aborder en général avec les acheteurs potentiels ou pas car la dimension symbolique de l’engagement dans la pierre et l’importance de celui ci conduit souvent à des prises de positions irrationnelles qu’il est désagréable de devoir analyser.

Les commentaires sont fermés.