Nous y voilà. J’ai mis beaucoup de temps à écrire cet article car la situation politique italienne est passablement embrouillée. J’ai d’ailleurs sans doute dû laisser passer quelques erreurs dans le tas, tant les alliances se renversent, évoluent, tant les scissionnistes scissionnent et recomposent. Mais assez de préalables, attaquons nous aux faits.
Le paysage politique italien est structuré par les deux grandes alliances politiques des élections législatives de 2006: l’Unione (union) pour le centre-gauche et la Casa delle liberta (maison des libertés) pour le centre-droit. Ces grandes alliances n’excluent pas la présence de sous alliances qui se sont illustrées par des regroupement de listes entre partis (avec des schémas d’alliances différents entre la Chambre et le Sénat).
Partons de la gauche.
Deux partis communistes cohabitent, issus de l’explosion du puissant PCI, qui fut le plus important parti communiste d’Europe occidentale. Rifondazione Comunista (refondation communiste) est jugé souvent plus « radical » que Comunisti Italiani (communistes italiens), souvent proches des écologistes des Verdi (les verts).
Si des scissions frappèrent le PCI, la grande majorité de ses membres choisit une évolution vers une gauche plus modérée qui aboutit à la constitution progressive de la principale force de la gauche, les Démocratici di Sinistra (démocrates de gauches). Ceux ci restent un parti à l’audience électorale faible (moins de 20%) et DS participa donc à la constitution d’une sous alliance, l’Ulivo (l’Olivier). L’Ulivo rassemble les amis de Romano Prodi, la Margherita, un petit parti de centre gauche et les « Repubblicani Europei », les républicains européens. Il faut y ajouter le parti démocrate méridional, déjà constitué dans une région pour une obscure histoire d’investiture. C’est sur le socle de cette alliance que se construit aujourd’hui le projet de Parti Démocrate, dont le but est de consolider la force princpale d’une majorité atomisée. Cette démarche, poussée par Prodi et qui va aboutir bientôt à travers des primaires pour la désignation du Secrétaire National du nouveau parti a fait grincer bien des dents, l’intérêt électoral et politique de l’opération n’effaçant pas les aspects idéologiques de l’affaire : dans la charte fondatrice, les références au christianisme sont plus nombreuses qu’au socialisme !
Au sein des DS, le dernier congrès a d’ailleurs aboutit à une scission autour du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Mussi. Ses troupes de la Sinistra democratica (gauche démocratique) refusent en effet la dilution de l’identité de gauche du nouveau parti et n’envisagent pas d’appartenir à une organisation dont tous les députés européens ne siègeraient pas au PSE (puisque les députés de la Marguerite sont alliés de Bayrou). Il semble toutefois d’après les échos que j’ai eu que SD se rapproche à nouveau du futur Parti démocrate.
Vous pensiez en avoir fini avec la gauche et les socialistes ? Point du tout !
Rosa Nel Pugno (la rose au poing) est l’alliance des radicali (radicaux) et des Socialisti Democratici italiani (les socialiste démocrates italiens), dans une plateforme « radicale, socialiste, laïque et libérale ». Rosa nel pugno est en cours de rapprochement avec « I socialisti » la survivance proche des Craxistes de l’ancien PS italien, dans une démarche de « constituante socialiste ». Enfin, le Nuovo PSI (Nouveau PSI), allié de …Berlusconi par le passé semble récuser quelque peu cette alliance pour se rapprocher de ses anciens alliés.
L’Unione ne s’arrête pas là ! Le juge Di Pietro et son parti « Italia dei Valori » qui se bat pour une plus grande culture de la légalité en fait partie, comme Mastella, le ministre de la justice et ses Popolari UDEUR, bien que ce dernier soit de plus en plus tenté par un rapprochement avec l’UDC, les centristes de droite, nous y reviendrons.
La coalition de centre gauche ne serait pas complète si l’on évoquait pas « Consumatori Uniti » (les consommateurs unis) et le Südtiroler Volkspartei (le parti du peuple du Sud-Tyrol). D’autres régionalistes sont associés à l’alliance.
Passons à droite. L’UDC, Unione dei Democratici del Centro (union des démocrates du centre) est le principal héritier de la défunte et puissante Démocratie Chrétienne. Le fantasme de sa reconstitution pousse l’UDC à mettre de la distance entre elle et Berlusconi pour tenter de reconstruire un centre puissant. D’où le rapprochement avec Mastella. Mais la DC est loin de renaître : un petit parti démocrate chrétien pour l’autonomie était même allié au sein de la CdL au NPSI… Vous suivez ?
Forza Italia (allez l’Italie) est le principal parti du pays, structuré autour de son leader, Silvio Berlusconi. Il est allié à Alleanza Nazionale (alliance nationale), anciens fascistes qui ont adopté le libéralisme économique, l’alliance avec les USA et qui défendent des positions sociétales très conservatistes.
La Lega Nord (Ligue du Nord) défend l’autonomie du nord et les positions de Bossi, son leader sont pour le moins droitière et populistes. Flirtant toujours avec l’amalgame, ses responsables ne brillent pas par leur vision humaniste de la société.
L’ancien parti fasciste MSI a donc lui aussi explosé. La recherche de respectabilité des membres d’AN n’a pas été le choix de tous. Le MSI-Fiamma tricolore (le MSI flamme tricolore) subsiste au côté d’Azione Sociale, le parti de la délicate Alessandra Mussolini, petite fille du Duce.
Quelques groupuscules complètent le dispositif de la Maison des Libertés : le « partito pensionnati » (parti des retraités), le Movimento per le autonomie (le mouvement pour les autonomies – comprendre régionales -) , la Destra (la droite), le Partito repubblicano italiano (le parti républicain italien) et un parti des italiens dans le monde, qui peut toujours rapporter quelques voix.
Je vais progressivement ajouter des liens vers les sites de ces formations.
D’autres questions dans la salle ?